L’emploi des femmes recule dans les quartiers en difficulté
L’emploi des femmes a reculé depuis 2008 dans les quartiers en difficulté, en particulier dans les ZUS (Zones urbaines sensibles, délimitées en 2006 dans le cadre de la politique de la ville). A Saint-Denis, les quartiers définis comme ZUS sont la Cité Allende, Floréal – Saussaie, Les Francs Moisins – Bel Air, mais l’ensemble de la ville est concerné par ce constat. Un article du “Monde” du 31 mai 2014 permet de faire le point sur la situation. En voici des extraits :
[…] Deux études viennent de tirer le signal d’alarme sur la situation de l’emploi des femmes dans les quartiers. L’Observatoire national des zones urbaines sensibles (Onzus) a publié pour la première fois une note spécifique qui montre que près d’une femme sur deux en âge de travailler (âgée de 15 à 64 ans) y est inactive. Ce taux d’inactivité est en hausse de 5 points depuis 2008. Dans le même temps, l’activité des femmes habitant dans les agglomérations environnantes s’est maintenue, comme celle des hommes vivant en ZUS (zone urbaine sensible). « Une proportion croissante de femmes ne se déclare ni en emploi ni en recherche d’emploi », écrivent ainsi les auteurs de l’étude, estimant « préoccupante » cette évolution qui dénote un véritable découragement.
Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes fait le même constat, en observant que l’écart entre les femmes et les hommes dans l’accès à l’emploi est de 16 points en ZUS, contre 8 points en moyenne hexagonale. Le niveau de diplôme joue à plein. Les femmes peu diplômées peinent plus que leurs homologues masculins à trouver un emploi. Et quand elles en trouvent un, c’est majoritairement dans les services. Or, depuis 2008, ce sont les emplois faiblement qualifiés qui ont le plus reculé. A Vaulx-en-Velin, dans le « top 3 des métiers féminins », comme l’appelle Laurent Visocchi, directeur de l’antenne Pôle emploi, on trouve agent de propreté, aide maternelle et aide à domicile. Des emplois peu qualifiés, mal payés, qui ont reculé massivement. […]
« Ces femmes n’arrivent plus à trouver quoi que ce soit, et elles se découragent. De plus en plus, elles ne s’inscrivent même plus au chômage », insiste Naziha Chalabi, médiatrice du réseau Femmes de l’espace, un projet interassociatif de Vaulx-en-Velin. Au manque de diplôme s’ajoutent des obstacles spécifiques : le « manque de mobilité » (elles sont 47 % à détenir le permis de conduire à Vaulx, contre 71 % des hommes) et de véhicule, et la responsabilité d’enfants. […] Les observations du terrain sont plus nuancées. « Cela contraint les femmes à avoir un emploi dans le secteur où elles habitent, et pourtant, on sent une détermination à chercher plus forte que dans la population masculine », remarque Annie Lopez, responsable de l’agence Pôle emploi du 14e arrondissement de Marseille. […]
Hélas ! triste constat ! Je ne peux que faire le rapprochement avec mon post du 3 juin en commentaire de l’article “ça c’est Saint-Denis”.Télérama et le Monde pointent ainsi l’effacement progressif des femmes dans notre paysage urbain.
Vous avez raison. Les femmes des quartiers populaires sont celles qui portent le plus le poids de la dérive de notre ville : montée du chômage, éloignement des emplois peu qualifiés, transports urbains bondés, habitat dégradé, mais aussi insécurité, machisme et enfermement.
Il paraît qu’il y a un conseiller municipal délégué, entre autres délégations, à “l’égalité femme/homme”, mais à peine élu il est parti au Moyen-Orient pour une cause qui semble mobiliser l’essentiel de ses combats. Espérons qu’à son retour, on l’entendra un peu plus sur des projets favorisant l’égalité entre les femmes et les hommes.
Que faire localement pour la formation des femmes ? Comment favoriser les emplois peu qualifiés sur notre territoire ? Comment assurer la sécurité et donc la mobilité des femmes, de toutes les femmes, en ville ?
C’est un long travail :
1. Recenser les femmes qui ne travaillent pas
2. Voir le niveau scolaire
3. Savoir quelles sont leurs motivations et qualifications
4. Les aider soit dans les formations(qualifiantes) ou recherche d’emploi
5. Les aider dans le mode de garde d’enfants
6. Les Réinsérer celles qui sont sans emploi depuis plusieurs années en leur faisant des évaluations
7. Faire des mini stages pour s’adapter au monde du travail ainsi que du théâtre pour les mettre en valeur.
Il est difficile car dans les quartiers, les personnes involontairement deviennent marginales par leur manque de diplôme et d’emploi.
En espérant que l’élu en charge d’emploi fera le nécessaire
@karima : vous présentez un vrai programme d’actions. Il exige, en effet, un long travail mais c’est la voie à suivre. Merci pour ces propositions concrètes en souhaitant quelles soient entendues par les élus.
Tout dépend de la volonté de la municipalité.
Il est important de sociabilisé la population qui se sente marginalisée, et de plus, il faut arrêter cette ghettoïsation dans ses quartiers.
il est impératif qu’il y ai de la mixité, d’ailleurs on voit les désastres dès la maternelle.
Pour ma part, j’ai du partir de Francs Moisins à cause de cela, même si mon confort de mon appartement n’est pas égal à celui de Franc Moisins, je ne regrette pas d’être partie pour mes enfants.
Dans ses quartiers, on se sent exclu par le quartier, par l’adresse, par nos origines par les institutions, et c’est profond.Comme disait Coluche, “Nous sommes tous égaux”
On a l’impression de ne se pas faire comprendre et on a l’impression que les politiques ne comprennent pas nos demandes.
Même dans le monde du travail, notre adresse est un handicap.Alors imaginez, une femme seule avec enfants, sans diplôme, ce qu’elle ressent?
Je trouve cette situation désespérante. Que ce soit professionnellement ou en tant que Dionysienne, les femmes ont beaucoup d’obstacles pour être intégrées dans notre ville. Et c’est un cercle vicieux.
Un travail outre l’aspect financier est aussi un facteur d’intégration sociale. On rencontre du monde, on sort de son petit cercle familial / amical, on découvre autre chose.
Sans travail, sans activité autre que la charge des enfants et de la maison (qui occupent facilement à plein temps), on se renferme et renforce son isolement. Ce phénomène est d’autant plus fort à St Denis où il est souvent désagréable voir dangereux de se promener lorsqu’on est de sexe féminin. Et que face au chômage, au manque de diplôme et à la tradition, être sans emploi / femme au foyer devient plus ou moins normal, affaiblissant ainsi la position des femmes.
Karima a raison de dire que seule une volonté forte d’aller vers ces femmes et de travailler ensemble à des solutions peut faire changer la situation. Les faire sortir de leur isolement est un pré-requis indispensable, les ouvrir à d’autres possibilités un espoir pour elles et leurs enfants.
Il n’y a rien à espérer de l ‘ Elu municipal en charge de ce qu’il serait censé promouvoir , encourager et accompagner sur le terrain Dionysien , à savoir notamment tout ce qui relève de l’égalité homme/femme – comme le dit si bien l’intitulé de sa délégation – de la discrimination ….etc.
Celui- ci est un militant politique pur jus oeuvrant pour la cause qui lui est chère sans plus.
Il va sans dire que les tâches lui ayant été attribuées sont purement formelles et loin de ses préoccupations.
On n’a rien à attendre des pouvoirs public et de la municipalité d’ailleurs depuis des années, ils parlent d’égalité des chances et on voit le résultat.
C’est aux associations de prendre le relais, mais une vraie association qui veut faire évoluer la vie de ses femmes, et non une association fictive.
De plus, il faut que ses femmes veuillent sortir de leurs conditions, mais certaines ne sont plus dans le système depuis longtemps et je pense tant qu’elles n’auront pas d’aide, elles ne pourront rien faire.
Je suis attristée car c’est la réalité pour une partie de notre ville .
Il y a beaucoup de jeunes enfants à Saint-Denis, aller chercher des enfants à l’école, les garder jusqu’au soir ou toute la journée le mercredi, j’en connais quelques unes qui le font et des jeunes femmes qui ont elles-mêmes des enfants. Mettre ou répondre à une annonce dans le JSD pourrait être utile.
L’emploi des femmes subit de façon plus marquée les difficultés des personnes peu ou non qualifiées pour trouver du travail. Le problème prioritaire dans notre ville est d’abord celui-là. Comment augmenter le nombre d’emplois rémunérés pour ces femmes et réellement accessibles compte tenu des problèmes de transports ? Les emplois d’aide à la personne (ménage, garde d’enfants, aide aux personnes âgées) sont limités par la présence restreinte des couches moyennes susceptibles d’offrir ces emplois.
Les activités de petit commerce seraient une piste, mais on voit les blocages bureaucratiques à travers l’exemple, cité par bill, du stand de vente de fruits et légumes bio à La Plaine (deux ans pour obtenir l’autorisation d’installation, au risque de voir disparaître cette initiative !) et le manque d’ambition des élus dans ce domaine.
Autre exemple : quoiqu’on pense de ces produits, la vente de maïs chaud devant la Gare, organisée et légalisée, aurait pu être une source de revenus réguliers pour les femmes concernées. Mais elles ont été évincées pour la plupart d’entre elles par des groupes organisés d’hommes, dans ce commerce non autorisé.
D’ailleurs, même dans le commerce ambulant autorisé, on remarque le même phénomène : les stands hors de la Halle du Marché sont quasiment tous tenus par des hommes (même quand il s’agit de produits plus spécifiquement féminins), et sur l’ensemble du Marché on constate qu’il n’y a quasiment aucun stand où travailleraient des femmes immigrées. Qui décide de l’attribution des places ? Qui tente de susciter des candidatures féminines ? L’égalité femme/homme commence par des mesures concrètes et pratiques, sinon les discours sur ce sujet sont creux.
Un article passionnant de deux experts en développement dans “Le Monde” d’aujourd’hui :
« Entrepreneures au féminin, en première ligne contre le chômage »
Extrait :
« Est-il irrationnel d’imaginer une France où des centaines de milliers de femmes créeraient leur propre affaire, seules ou avec d’autres ? Où certaines embaucheraient même leur conjoint ou leurs enfants en quête d’emploi ? Contrairement à une image trop véhiculée, l’entrepreneuriat n’a pas vocation à être irréversiblement masculin, ni l’entrepreneuriat féminin l’apanage des pays pauvres. Vu l’état clairement stérile de l’économie et de la société, quelque chose doit changer. »
Source : http://www.lemonde.fr/emploi/article/2014/06/13/entrepreneures-au-feminin-en-premiere-ligne-contre-le-chomage_4437697_1698637.html.