« Saint-Denis : la Flèche se dévoile »

Le JSD ne lui a jamais donné la parole et ne lui donnera jamais ! Qui ? Alexandre Gady, un des plus éminents spécialistes du patrimoine, professeur d’histoire de l’art à l’Université de Paris-Sorbonne et Président de la plus ancienne et la plus active, au niveau national, association de défense du patrimoine (la Société pour la Protection des paysages et de l’esthétique de la France). Pourquoi ? Vous le comprendrez vite en lisant ses articles sur le projet de construction de la flèche de la Basilique. Et notamment ce dernier article dans la revue « L’Objet d’Art » de septembre 2016 (pp. 34-35) : « Saint-Denis : la Flèche se dévoile ».
En voici quelques extraits :
“Après un premier échec en 1992, le projet de rebâtir la flèche nord de la basilique royale de Saint-Denis, démontée en 1846, a été officiellement relancé par le ministère de la Culture. Annoncée début juillet, cette opération très médiatique doit tout à la fois ne rien coûter à l’État et permettre de modifier l’image d’une ville en crise. Mais attention, les mots sont choisis : il ne s’agit pas d’une restitution, ni même d’une reconstruction, objet de conflits déontologiques potentiels, mais d’un simple « remontage ». Une nouvelle étape dans la falsification des monuments historiques ?” (…)
“L’état sanitaire de [la basilique de] Saint-Denis, désormais cathédrale, est médiocre et l’édifice souffre de nombreuses pathologies, certaines étant dues aux travaux du métro en sous-sol. L’édifice est mal entretenu, son chevet très malade et la grande rose sud, dont les vitraux déposés sont remplacés par des bâches plastifiées, attend une restauration urgente… depuis plusieurs années.” (…)
[On a pu pourtant voir] “relancer une mauvaise idée, déjà avancée il y a un quart de siècle : rétablir la flèche nord, disparue il y a 170 ans, et dont l’absence est soudain devenue insupportable à certains, élus locaux en tête.” (…)
“Le management architectural, enfin, est assuré par l’architecte en chef des Monuments historiques, M. Jacques Moulin, connu pour ses restaurations interventionnistes revendiquées (Chamerolles, Provins, quartier Henri IV de Fontainebleau…). Très en verve, il a réponse à tout. L’état des lieux ? Parfaitement connu, grâce à la riche documentation dessinée au moment de la dépose. Les matériaux ? Les pierres ont été conservées ! Le respect de la Charte de Venise ? Elle commande, dans un tel cas, « d’y aller »… Et l’urgence de ces travaux ? Certes, il y a d’autres priorités dans l’édifice, mais ce chantier médiatique aidera tout le reste. Comment ? On n’en saura rien, évidemment : il faut croire M. Moulin sur parole. Lui qui, comme architecte en chef, va percevoir près de 10 % du prix de ses travaux, a peut-être l’intention de mécéner le chantier ? En réalité, les «arguments» des reconstructeurs sont toujours les mêmes : refaire ce qui n’est plus, abolir la distinction entre la réalité archéologique et le fantasme anhistorique «parce qu’on sait faire».” (…)
Et en conclusion :
“Dans cette comédie dionysienne, tout le monde ment, bien sûr. Les politiques d’abord, qui savent bien que les problèmes de la ville ne sont pas solubles dans ce joujou architectural. Ceux qui affirment que cela ne coûtera rien aux finances publiques, tout en annonçant un mécénat d’un million d’euros de la Caisse de Dépôts et Consignations… Et l’architecte en chef, qui sait bien qu’on ne rebâtit pas une tour haute de 86 mètres avec des pierres anciennes qui gisent dans un dépôt depuis plus d’un siècle et demi. Tout le monde ment – faut-il s’en étonner ? ” (…)
L’article d’Alexandre Gady fait référence à la “Charte de Venise” qui a posé des principes essentiels en 1964 et qui a nourri depuis une réflexion des intervenants sur les monuments historiques en faveur d’un respect de l’histoire de l’évolution de ces monuments au cours du temps.
Rappel des articles décisifs, surtout l’article 4 aujourd’hui, dans le cas de la Basilique :
CHARTE INTERNATIONALE SUR LA CONSERVATION ET LA RESTAURATION DES MONUMENTS ET DES SITES – CHARTE DE VENISE 1964
(16 articles)
Article 4.
La conservation des monuments impose d’abord la permanence de leur entretien.
Article 9.
La restauration est une opération qui doit garder un caractère exceptionnel. Elle a pour but de conserver et de révéler les valeurs esthétiques et historiques du monument et se fonde sur le respect de la substance ancienne et de documents authentiques.(…)
Article 11.
Les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent être respectés, l’unité de style n’étant pas un but à atteindre au cours d’une restauration. (…)
Article 14.
Les sites monumentaux doivent faire l’objet de soins spéciaux afin de sauvegarder leur intégrité et d’assurer leur assainissement, leur aménagement et leur mise en valeur. Les travaux de conservation et de restauration qui y sont exécutés doivent s’inspirer des principes énoncés aux articles précédents.
Alexandre Gady a bien cerné les enjeux : de la communication politique, poudre aux yeux… pour éviter de parler des vraies priorités et problèmes. On nous vend l’arrivée des touristes pour financer le projet : de qui se moque-t’on ? A part 2-3 spécialistes qui viendront en visite officielle, il n’y aura pas plus de touristes tant que la ville ne sera pas plus accueillante. Mais en attendant, P Braouzec fait plein de photos avec les ministres, ça l’occupe bien après le Festival d’Avignon, les JO au Brésil… Et nous on reste dans notre ville encore plus triste quand il pleut sur les saletés qui jonchent le sol, c’est pas un chantier de 20 ans sur la seule place agréable de la ville qui va nous remonter le moral.
Tel le monstre du Loch Ness, la reconstruction de la flèche de la basilique, réapparaît avant chaque élection… cela avait commencé avec feu Marcellin Berthelot ,le regretté maire de notre ville ( qui a passé la main à Patrick Braouezec en 1991…) donc depuis plus de 25 ans on nous amuse avec le même hochet ! Qui peut raisonnablement croire que cela ne coutera rien? Est-ce un chantier prioritaire pour notre ville ?
Mémoire longue…
Le blog « saintdenismaville » a déjà publié un article de Bill sur ce sujet en août 2015 : « L’arlésienne dionysienne : Doit-on remonter la flèche détruite de la basilique ? »: http://www.saintdenismaville.com/larlesienne-dionysienne-doit-on-remonter-la-fleche-detruite-de-la-basilique/
et un article de Suger le 10 mai 2013 (en réaction à un article du JSD) « Polémique autour de le reconstruction de la flèche de la basilique de St Denis » : http://www.saintdenismaville.com/polemique-sur-lhypothetique-reconstruction-de-la-fleche-de-la-basilique/
Bonjour.
Un peu hors sujet mais on voit que les priorités ne sont pas les mêmes pour tous le monde.
http://www.huffingtonpost.fr/didier-paillard/paris-2024-saint-denis-stade-de-france_b_12046318.html
Toutes les gesticulations permettent de ne pas parler des sujets essentiels aux quotidiens de habitants.
Les empereurs romains disaient : “Du pain et des jeux”….
En deux milles ans, peu de choses changent.
Dans cette tribune le maire, au-delà du blabla habituel sur les JO et ses bienfaits supposés, a une phrase révélatrice : “Il est capital et urgent de travailler sur l’adhésion de la population au projet”… En clair, la “population” est très méfiante, par expérience, face aux déclarations des politiques, surtout quand ils ont tout de politiciens. Et donc il faut la “travailler”, c’est-à-dire la noyer dans un flot de propagande grâce aux moyens municipaux et à la complaisance de la plupart des médias et de “personnalités”.
Nous ne sommes pas vraiment hors sujet, car c’est exactement la même technique, sinon pire (vu le ridicule du projet), avec la reconstruction de la flèche de la basilique. On fait taire les opposants et même tout porteur de simples questions sur le projet, on crée une fausse dynamique à grands coups d’opérations de communication, on déconsidère les arguments des meilleurs experts qui refusent de rentrer dans cette mobilisation factice, on les traite de “grognons” ou de “mauvais coucheurs”, etc… Bref, “travailler la population” c’est la décerveler, l’empêcher d’avoir un temps de réflexion nécessaire et donc l’anesthésier pour pouvoir passer en force sur ces projets !
Bonjour,
Si ça peut redonner du positif dans la ville, je dis oui ! J’ai découvert cette histoire en visitant le site archéologique pendant les journées du patrimoine et les gens passionnés qui m’en ont parlé m’ont donné envie. Je ne comprends pas pourquoi vous êtes si vitupérant contre ce projet ? Moi je trouve ça pas mal et offrir la possibilité d’avoir un grand chantier visitable ça m’emballe. J’avais visité le Château de Guédelon et les enfants avaient adoré.
Ces gens “passionnés” (mais par quoi ?…) ont dû oublier certainement de vous parler de l’état général de la Basilique qui exige des consolidations et de la nécessité urgente d’entreprendre la restauration de la grande rosace sud (dont les vitraux ont dû être enlevés et remplacés par des bâches en plastique !).
Mais peut-être que ces chantiers essentiels pour le simple maintien de la Basilique en bon état ne vous “emballent” pas ? Peut-être qu’il vous faut du neuf, du spectaculaire ? Car, sinon, quel rapport avec Guédelon ? Cette copie d’un “château médiéval” à Guédelon est une construction totalement neuve avec des techniques anciennes (une très intéressante expérience d’ailleurs), du même type que la réalisation d’une copie de “L’Hermione” à Rochefort. Ce sont des opérations essentiellement touristiques.
Ici, avec la Basilique de Saint-Denis, il s’agit d’un monument historique, d’un lieu de mémoire presque millénaire à préserver pour notre temps et les générations futures, dans le respect des principes de la Charte de Venise.
On en apprend des choses sur https://twitter.com/VilleSaintDenis… Le message enthousiaste, par exemple, du Directeur d’une agence de com, ce 19 octobre : « Aujourd’hui visite de presse en haut de la basilique de Saint Denis » ! Une agence parmi bien d’autres dont le travail est (selon son site officiel http://www.lp-conseils.com/) “relations presse et relations publiques, conseil en com, media-training, media-coaching.”
C’est vrai qu’il en faut et qu’il en faudra de la com et des éléments de langage pour vendre le projet de la reconstruction de la flèche, et d’abord auprès de dionysiens. Mais qui donc paiera tous ces conseils et campagnes de com ? Qui ?… Les dionysiens bien sûr !
Je ne comprends toujours pas l’acharnement de la plupart des habitués ici contre cette flèche, alors que je ne vois aucun commentaire contre l’horloge hideuse qui orne le fronton rénové …
Si le but est de “figer” ce monument tel qu’il était à une époque bien précise, pourquoi ne pas prendre comme référence son état avant la dépose de la flèche, plutôt qu’après ? Et pourquoi avoir décidé de restaurer la façade dans son état XIXe (si j’ai bien compris) avec cette peinture dorée de mauvais gout et cette horloge qui la fait ressembler à un baromètre de fantaisie ?
Qu’on soit pour ou contre la reconstruction de la flèche, les arguments que je lis ici, notamment sur l’application de cette fameuse “charte de venise”, me paraissent de mauvaise foi, d’autant plus que comme le rappelait Suger, cette charte stipule aussi que “les apports valables de toutes les époques à l’édification d’un monument doivent être respectés” ! Et je ne pense pas qu’il y ait une règle précisant “sauf si l’apport est trop important” (par exemple : une horloge, OK, on la remets en place, par contre une flèche, non, c’est trop gros …)
Les questions pratiques (faisabilité technique, coût, priorités par rapport à d’autres travaux) sont certainement bien plus pertinentes … mais je ne vois pas pourquoi remettre en question le principe même de ce projet !
Bonsoir
@Did.
Ce qui est critiqué, ce n’est pas la flèche en elle même… C’est surtout l’habitude de nos chers élus à se faire mousser devant photographe, ministre etc… Et en criant sur tout les toits que cela coutera rien aux contribuables.
Appartenant aux monuments de France, tout projet touchant de près ou de loin aura des financements publiques (Même partiel).
C’est comme les JO. Tout les élus (et la tout le monde est d’accord) veulent bétonner mais personne s’engage à respecter les budget.
Et je vous le demande qui mettras au bout? Les contribuables (Cf, les jeux de la Athènes, Rio, Pékin, Alberville)
Il faut arrêter de dilapider l’argent public.
Je ne doute pas de l’apport culturel de la basilique des rois, cependant, la priorité de la ville n’est pas la flèche. C’est le quotidien des habitants. Et il y a urgence.
– Recul démocratique
– Recul de la citoyenneté,
– Recul de l’école,
– Recul de la mixité,
– Augmentation de la pauvreté, de la misère, du trafic de drogues
J’arrete ou je continue???
Et puis pour être tout à fait honnête, je ne supporte pas Eric ORSENNA qui vient supporté D. PAILLARD tout en habitant le 7ême. Jamais il a eu un mot pour les habitants.
Alors clairement, ce projet doit être remis à plus tard. Elle attendue plus de 100 ans… Elle peut patienter encore un peu.
Je ne vais pas abuser des éléments de langage de nos élus (le plus souvent issue de consultant chèrement payés). Il y a suffisamment de “mal vie” sur la ville pour s’occuper de la flèche.